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Ô muse inspire ton aède
Afin qu'en vers rimés
Je puisse célébrer
Tous ceux qui, en vélocipède,
De longs parcours font explorer.
Je vais donc conter l'escapade
De huit dinos
Sur leurs vélos.
Vit-on jamais plus belle pédalade ?
Sur la colline de Pinchat,
Ce matin-là,
L'aurore aux doigts de rose
Était assez morose :
Peu de soleil et un ciel gris :
Temps de mélancolie.
Sylvie Gelin sur sa draisienne,
Fier instrument d'une ère ancienne,
Semblait assez préoccupée
D'avoir à subir les montées.
Au départ donc six cyclonautes
Parmi lesquels intercalé
Et ne cherchant qu'à s'effacer
Un dino mâle était leur hôte.
En cours de route nous rejoignit
Matthes Sylvie
Suivie d'Annie.
Et l'on passa de six à huit.
Annie, Ursule, Anne-Marie
Ouvrent la marche tout devant.
Sylvie Matthes, Cricri, Madeleine
Poussent à peine
Sur la pédale.
L'autre Sylvie sur sa draisienne
Est hors d'haleine
Et parfois râle :
Son seul moteur, c'est son jarret !
Rien de plus sûr que son mollet
Car ce peloton éclectique
Fait trop d'honneur à l'électrique !
C'est en chenille processionnaire
Que l'on avance !
C'est du tonnerre.
Mais chacun pense
Par-devers soi :
C'est quand le café à Versoix ?
Sur le chemin deux Mandarines
Se sont paumées : on le devine.
Annie alors en polyglotte
Avec nos Chinoises papote !
Et ce faisant, vrai saint-bernard,
Les sauve... en indiquant la gare !
Pause à Versoix sous la tonnelle :
Café, croissant et tous en selle !
Mais l'on commence à déchanter
Car pour Divonne il faut monter !
Pour éviter que l'on s'écarte
Du droit chemin parmi les champs
Il nous faut donc de temps en temps
Mettre à profit les croisements
Afin de consulter la carte...
On tire à gauche et puis à droite...
Et c'est tout droit qu'en zigzaguant
On poursuit sur la route étroite :
C'est bien plus sûr, moins fatiguant.
Pour seul témoin de ce cortège qui chemine
Dieu sait sur quel chemin perdu,
Un spectre gris nous examine
Et de son oeil qui hallucine
Il fixe ce groupe incongru.
Dedans un champ tout droit figé
Se dresse ce héron cendré.
Enfin l'on passe la frontière !
Enfin l'on se retrouve en France !
Un pur hasard, un coup de chance !
Nul fonctionnaire...
Pas un signal !
C'est un mystère...
C'est pas normal...
Grâce à Annie on s'aperçoit
Et l'on s'étonne
Que la Divonne
Ne soit
Qu'un autre nom de la Versoix !
Voici qu'enfin au bord du lac
Les provisions sortent du sac.
Heureux instants et doux repos.
Sur l'eau du lac,
Spectacle insigne,
Nagent deux cygnes
Et trois cygnots.
Nous y voici !
Chacun dit : « Ouf ! »
Sauf Madeleine qui s'étouffe
En recrachant sa pomme d'api !
On a vraiment frôlé le pis.
Point de baignade cette fois :
Le fond de l'air est par trop froid.
Sur un seul banc on se rassemble
Pour faire la photo ensemble.
Cette équipée il faut conclure...
On réenfourche sa monture...
Mais quoi de mieux qu'un expresso
Avant de partir illico ?
Un stand de glaces artisanales
Voyez ces choix originaux :
Goûts bubble gum et marshmallow !
À peine avalé le café
Chacun ne songe qu'à rentrer.
C'est désormais le seul sujet :
Il faut écourter le trajet,
Prendre le chemin le plus bref
Et recourir aux CFF !
« Mieux vaut poursuivre en cyclonaute »,
Se sont dit Anne-Marie et Claude.
On se sépare donc à regret :
Qui vers Versoix, qui vers Coppet.
Mais Anne-Marie en vraie naïade
Point ne renonce à sa baignade :
Aux bains des Pâquis parvenue,
Elle quitte Claude et le salue
Non sans avoir tenté en vain
De le convier à prendre un bain.
Ainsi s'achève l'aventure...
Fesse moulue et courbature.
Claude Demeure, 1er septembre 2023